Alors que l’on s’attend à des hausses de prix jusqu’à 30% du cloud public en Europe pour 2023, et de 20% aux USA, les entreprises sont prêtes à supporter des hausses de prix substantielles avant de changer de fournisseur. Peur du changement ou véritable verrouillage commercial ? La meilleure façon de réduire les dépenses liées au cloud et aussi la plus facile : réduire le gaspillage.
Les CSPs, revendeurs et les intégrateurs vont devoir préparer leurs clients à une douloureuse hausse des tarifs du cloud public, d'au moins 30% en 2023. Certains CSPs comme OVH ont déjà annoncé cette hausse tarifaire, d'environ 10% sur le cloud public qui sera effective au 1er novembre 2022. Mais pourquoi cette hausse de prix?
En raison d'une part, de l'explosion des coûts de l'énergie et en particulier ceux de l'électricité. A titre d'exemple, en France, la facture d'électricité des entreprises a augmenté de 31% en moyenne entre les premiers semestres 2019 et 2022, selon le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
Ensuite, à cause de l'augmentation des taux d'intérêts, visant à juguler l'inflation, mais qui du coup, renchérit le coût du crédit et donc celui des investissements (capex) des acteurs du cloud public dans leurs infrastructures (location ou achat des locaux, infrastructures réseau, achats de serveurs).
Les principaux postes d'augmentation tarifaires attendus
Les utilisateurs du cloud public subissent et subiront encore des hausses de prix dans plusieurs catégories de cloud public telles que, la sécurité, le calcul et la mise en réseau (y compris le transfert et la sortie des données). Ce qui risque de compliquer encore les projets de migrations.
Cela peut refléter 'une " abstraction de génération " (c'est-à-dire que les organisations achètent des services plus avancés) à mesure que l'utilisation du cloud et les charges de travail évoluent. Quelle que soit la nature exacte des causes, les entreprises dépenseront beaucoup pour protéger leurs charges de travail dans le cloud public.
Peur du changement de fournisseur ou véritable locked-in?
C'est un fait. Les clients du cloud public préfèrent actuellement payer plus cher que changer de fournisseur. Au vu de la situation macroéconomique (c'est-à-dire de l'inflation persistante), il n'est pas surprenant que 96 % des décideurs informatiques tolèrent (ou du moins se résignent) à une augmentation des prix du cloud public avant de changer de fournisseur ou de "rapatrier" les charges de travail vers un environnement sur site ou en colocation.
La crise de l'énergie va-t-elle remettre en évidence l'impact du manque de concurrence sur le marché du cloud public?
La raison de cette inertie est aussi financière et organisationnelle : Les coûts de réécriture d'applications pour les héberger sur d'autres plateformes, de migration des données ou encore de requalification technique des équipes internes seraient en effet trop lourds à supporter. La question étant de savoir, si cette crise énergétique et cette hausse tarifaire du cloud public va mettre en évidence le manque de concurrence actuelle et le verrouillage commercial des certains CSPs. Et surtout, quand sera t-il possible, à l'instar du marché de l'électricité, de changer aisément de fournisseur, sans que la facture de sortie ne soit trop dissuasive?
Comment optimiser les coûts du cloud public
La façon la plus courante de gérer les coûts du cloud public est de réduire ou de couper les ressources sous-utilisées ou inactives.
Les vieilles habitudes ont la vie dure. Lorsqu'ils passent à un cloud public, les utilisateurs peuvent conserver des pratiques qui leur ont bien servi lorsqu'ils utilisaient des équipements on premise ou en location, quitte à laisser le compteur tourner sur le cloud public. Par conséquent, la meilleure façon de gérer les coûts du cloud public est de réduire ou de fermer les ressources surdimensionnées, inactives ou inutilisées.
Les autres mesures privilégiées reposent sur les options et outils disponibles de "cost management" des fournisseurs de clouds, les outils d'optimisation des coûts natifs, ou encore les remises accordées par les fournisseurs (34 %).
La refonte des applications et la mise en œuvre d'outils d'optimisation tiers figurent bien plus loin dans la liste des moyens utilisés pour la maîtrise des coûts.
Quel modèle tarifaire privilégier?
Le modèle des ressources provisionnées et instances réservées à l'avance reste le moins cher et celui qui est le plus utilisé. Mais c'est aussi, celui qui offre le moins de flexibilité dans le redimensionnement des ressources inactives.
Les instances ponctuelles, à prix variable et à tarif réduit, restent l'option la moins populaire, avec seulement 10% d'utilisateurs. Mais cela pourrait changer.
Ce qui a changé par ailleurs depuis deux ans, c'est la proportion d’entreprises utilisant des plans de dépenses prépayés et flexibles (par exemple, AWS Savings Plan ou Oracle Universal Credits) par rapport aux instances réservées.
Il est intéressant de noter, qu'en dépit de leurs environnements informatiques plus complexes, les grandes entreprises toléreront cependant des hausses de prix moins importantes que les petites entreprises.
Les facteurs qui contribuent à ce phénomène sont les suivants :
Les grandes entreprises dépensent davantage pour le cloud et subissent donc un choc plus important lorsque les prix augmentent.
Les grands clients ont un plus grand pouvoir de négociation avec les fournisseurs de cloud en place et leurs concurrents.
Les grandes entreprises sont plus susceptibles de disposer des talents d'ingénierie internes nécessaires à un tel changement.
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