Les dépenses en services cloud ont explosé en 2023 et elles continueront de croître en 2024, avec la multiplication des projets d'IA génératives fortement consommateurs en ressources. Si les entreprises sont confiantes dans le contrôle de leurs dépenses, cet excès de confiance est surtout lié à la manière dont elles consomment leurs service, en mode prépayé, via des crédits cloud ou des engagements pluri annuels. Autant de modèles ne favorisant pas une visibilité sur l'efficacité réelle des services.
Les avantages affichés du cloud public IaaS/PaaS (flexibilité, provisionnement agile, évolutivité et "dépenses Opex) ont un revers: Celle de la crainte liée à la gestion des coûts variables et imprévisibles, des changements en matière de comptabilité, d'approvisionnement et de gouvernance, et des factures mensuelles à effet "coup de massue".
Les entreprises et organisations cherchent donc à mieux contrôler leurs dépenses cloud public et ce d'autant plus que le cloud est devenu le catalyseur fondamental de leurs transformations numériques.
Dans une récente enquête Cloud, Hosting & Managed Services, Budgets & Outlook 2024, de S&P, près de la moitié des organisations ont déclaré avoir dépensé plus en cloud public IaaS/PaaS en 2023 qu'initialement prévu, et près des deux tiers prévoient de dépasser leurs budgets cloud en 2024.
Ce désalignement permanent des dépenses budgétées par rapport aux dépenses réelles en matière de cloud public devient problématique. C'est la raison pour laquelle la pratique d'optimisation des coûts "FinOps" s'impose de plus en plus.
Les dépenses liées à l'informatique dématérialisée (Cloud) augmentent au point d'avoir un impact notable sur les résultats des entreprises.
La tarification à l'usage nécessite en effet une meilleure visibilité de la consommation pour éviter ces fameux imprévus budgétaires.
En outre, l'avènement de l'IA générative, avec ses ressources de calcul nécessaires à l'entraînement et l'ajustement des modèles, intensifie la nécessité d'examiner en amont si le coût du développement et de la maintenance de tels systèmes sera à la hauteur des avantages escomptés.
L'examen minutieux des coûts du cloud public ne fera que s'intensifier au regard des initiatives des entreprises en matière d'IA, et que les dépenses liées au cloud deviendront un facteur plus important dans les coûts globaux des entreprises.
Pourquoi recourir au FinOps?
Parmi les entreprises qui utilisent actuellement le cloud public IaaS/PaaS, la moitié utilise également des outils et des pratiques de gestion des coûts du cloud de type FinOps. Leurs objectifs prioritaires sont:
Améliorer la planification et les prévisions budgétaires (47% des répondants)
Optimiser la politique et la gouvernance cloud (45% des répondants).
Réduire la complexité de facturation des fournisseurs de cloud (37 %)
Utiliser de manière plus efficace les remises accordées par les fournisseurs (36 %).
20 % des utilisateurs de cloud public prévoient par ailleurs de mettre en œuvre des outils FinOps au cours des 12 prochains mois.
Outils FinOps: l'open source résiste
Les outils propres aux fournisseurs hyperscalers (par exemple, AWS Cost Explorer, Azure Cost Management, Google Cloud Billing) constituent le principal type d'outils ou de processus de gestion des coûts du cloud (83 % de ceux qui utilisent actuellement le cloud public IaaS/PaaS). Près de la moitié des organisations utilisent également des outils de gestion/optimisation des coûts d'éditeurs tiers.
Il est à noter que 41 % d'entre eux exploitent des logiciels et des outils open-source.
Le recours à des processus manuels (feuilles de calcul) et à des outils "maison" est opéré par environ 30 % des répondants.
Par ailleurs, les organisations qui opèrent leurs environnements informatiques sur site (on premise) ont tendance à utiliser davantage de processus manuels de gestion des coûts du cloud (61 %) et d'outils maison (43 %) que celles qui opèrent en cloud public.
Contrôle des coûts du cloud public: Un excès de confiance?
La plupart des organisations pensent qu'elles ont réussi à contrôler les coûts globaux du cloud public (81 % des répondants déclarent que ces dépenses ont été bien ou très bien gérées.)
Une confiance surestimée car beaucoup de ces entreprises ne sont pas conscientes de l'efficacité inexploitée de leurs infrastructures cloud.
La manière dont les entreprises "paient" pour leurs services Cloud pourrait aussi avoir un rapport avec cet excès de confiance.
En effet, près de la moitié (49 %) des entreprises interrogées déclarent que leur organisation dispose d'un accès long-terme prépayé, ou déduit d'un crédit engagé pour des ressources cloud spécifiques.
En outre, 75 % des entreprises bénéficient de rabais tarifaire à l'échelle globale, les engagements contractuels pluriannuels étant le moyen le plus courant d'obtenir ces rabais.
Des fonctions dédiées au FinOps
Près de 60 % des personnes interrogées déclarent que leur organisation a au moins une fonction ou un département dédié à la gestion et à l'optimisation des coûts du cloud et 34 % prévoient de mettre en place des ateliers FinOps au cours des trois prochaines années.
L'existence d'une unité dédiée à la gestion des coûts du cloud est largement fonction des dépenses globales consacrées au cloud.
Les trois quarts des entreprises dont les dépenses annuelles en matière de cloud sont supérieures ou égales à 1 million de dollars disposent de départements ou de fonctions FinOps dédiés, contre moins de la moitié de celles dont les dépenses annuelles en matière de cloud sont inférieures à 1 million de dollars.
Cependant, avec ou sans unité FinOps dédiée, la gestion des coûts du cloud demeure un effort multidisciplinaire et trans-organisationnel.
Environ 70 % des organisations ont identifié la direction informatique et la DSI comme des acteurs du processus FinOps, suivis par les centres d'excellence cloud (45 %), et la direction générale (43 %).
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