Né d'un partenariat entre la Caisse des Dépôts et Octave Klaba, Synfonium va couvrir les domaines du remote computing et du stockage sur le cloud, un savoir-faire de Shadow, les fonctions de moteur de recherche, un savoir-faire de Qwant, ou encore de vidéoconférence.
Son objectif est de devenir le champion européen des services numériques basés sur le cloud.
Pour concurrencer Google et Microsoft, l'état français, via son bras financier, la Caisse des Dépôts parie donc sur Octave Klaba, le fondateur d'OVH, pour fonder ensemble Synfonium la nouvelle plateforme française souveraine de services numériques, dont elle détiendra 25% du capital.
Cette plate-forme intègrera des infrastructures cloud bien sûr, mais aussi tous les services logiciels et web comme le remote computing, le stockage à distance dans le cloud, les fonctions de moteur de recherche, de visioconférence et d'autres applications collaboratives à venir.
Pour l'heure, Synfonium intègre uniquement Shadow, qui propose un PC dématérialisé dans le cloud : les utilisateurs se connectent à une application sur n'importe quel support (PC, tablette, smartphone, simple écran par l'intermédiaire d'un boîtier) pour bénéficier de la puissance d'un PC haut-de-gamme. Octave et Miroslaw Klaba en ont fait l'acquisition en 2021 via leurs fonds Jezby Ventures et Deep Code, afin de transformer Shadow en véritable plateforme collaborative, avec une brique dédiée au stockage, Shadow Drive, et une offre pour les entreprises.
À l'avenir, Synfonium prévoit d'ajouter d'autres services à sa plateforme.
Des développements internes, des acquisitions supplémentaires et des partenariats « avec des entreprises qui partagent sa vision et ses valeurs », sont au programme, pour « tirer parti des mérites techniques des meilleures solutions logicielles européennes et de l'innovation offerte par les communautés de logiciels libres », indique l'entreprise.
La première acquisition de Synfonium sera, si tout se passe bien, Qwant.
Synfonium est entré en négociations exclusives pour racheter 100% du moteur de recherche français dédié à la protection de la vie privée, dont la Caisse des dépôts est actionnaire majoritaire.
Au travers de ce partenariat, la Caisse des Dépôts, qui intègre également BPI et la Banque des Territoires, entend de son côté poursuivre ses efforts d'investissements pour le développement de solutions numériques européennes de confiance.
Son investissement dans Qwant, n'avait certes pas reçu le succès escompté, puisque 60% des requêtes sur le moteur de recherche européen sont encore à ce jour répondues par Bing, le moteur de recherche de l'américain Microsoft.
Après avoir soutenu Qwant, la Caisse des Dépôts s'associe à un acteur majeur de la tech avec pour ambition de contribuer à l'émergence d'une plate-forme européenne grand public, ouverte et sécurisée, proposant des services numériques dans le cloud. Antoine Troesch, Directeur de l'Investissement de la banque des Territoires, groupe Caisse des Dépôts et membre du conseil de Qwant.
Qwant: Opportunité ou véritable épine dans le pied?
Pour rappel, Qwant s'était lancé avec la folle ambition de développer son propre index du web et créer une alternative souveraine à Google dans la recherche en ligne.
Le moteur de recherche avait notamment été financé par Axel Springer (5 Millions en 2014), la Caisse des Dépôts (15 millions), BPI France, puis la Banque Européenne d'Investissement (25 millions).
En 2021, il avait ensuite levé 8 M€ en bonds convertibles auprès de Huawei Technologies.
Aujourd'hui, le moteur de recherche enregistre 46 Millions de requêtes /mois dans le monde, majoritairement en France et aux USA, dont 60% sont répondues via Bing.
Mais il n'est que peu ou pas utilisé en Europe (2% aux Pays Bas et en Allemagne) selon la source Semrush. Il sera donc difficile de lui faire porter les étoiles de l'Europe.
D'autant que l'autre difficulté est d'intégrer à une plateforme à vocation souveraine telle que Synfonium, un service qui fonctionne encore majoritairement grâce à Microsoft.
Mais Synfonium prévient : «Une analyse des récentes évolutions des conditions financières du partenariat de Qwant avec Microsoft est en cours ». Autrement dit, et de manière plus claire : « Qwant a sa technologie et il va falloir la rendre pleinement indépendante. A terme, sortir de l'accord avec Microsoft semble indispensable pour Qwant », décrypte une autre source.
Pour faire de Synfonium une plate-forme numérique souveraine à ambition européenne, il serait ainsi souhaitable de pouvoir y intégrer des services, acquisitions ou partenariats qui ne soient pas uniquement franco-françaises, car OVH ne représente aujourd'hui que 2% de parts de marché en Europe. Et le challenge risque d'être très difficile à atteindre sur un marché qui ne serait que local.
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